Fred Frith – Le Triton – 2 juin 2012

Cela faisait très longtemps que je n’avais pas assisté à un concert de Fred Frith qui se fait très rare sur Paris depuis son exil américain. Fred Frith a longtemps guidé mes pas dans l’univers des musiques créatives, avant-gardistes, foutraques, hors-normes, barrées etc… Mon premier contact avec lui fut assez violent puisqu’il jouait alors de la basse dans Naked City, le groupe SM-hardcore-jazz-rigolo de John Zorn. Puis ce fut la découverte du trio d’improvisation (assez sage avec le recul) Drouet-Frith-Sclavis, du film Step Across the Border, de Massacre etc. Fred Frith jouait beaucoup à Paris à la fin des années 90, invité quasi permanent du chorégraphe François Verret aux Laboratoires d’Aubervilliers.

Puis Fred Frith a quitté l’Europe, je me suis intéressé à beaucoup de musiques différentes et moins à la sienne. C’est donc avec curiosité et un brin de nostalgie que je suis allé le revoir hier soir au Triton. Force est de constater que rien n’a vraiment bougé dans sa musique et son approche de la guitare, les mêmes ustensiles produisant les mêmes effets.

Le premier set a commencé sur la pointe des pieds, avec de légers chuchotements, le son est devenu petit à petit plus ferme avant de se retirer au bout d’une heure aussi discrètement et délicatement qu’il était venu. Car ce qui m’a frappé après toutes ces années à écouter des guitaristes jouant plus fort les uns que les autres, après tous ces déluges de noise et de larsens, c’est de redécouvrir la profonde délicatesse de la musique de Fred Frith. Le deuxième set nous fera naviguer dans les mêmes eaux (troubles?).

Après deux heures et une standing ovation, Fred Frith se retirera en déclinant le rappel et en expliquant que raconter des histoires est une affaire délicate et que donc mieux vaut ne pas bâcler l’exercice. Encore et toujours la délicatesse…